16 janvier 2007

The day after yesterday


Soustache, comme chaque année, mais l'avouera-t-elle peut-être à certains d'entre vous, cet hiver plus que les autres, est habitée par des envies d'évasion, des rêves de fuite, des pulsions de voyage et d'aventure. Du bout du doigt, elle parcourt les longues routes sinueuses qui mènent de Californie en Mongolie, du Japon en Tanzanie, de Thaïlande en Islande. Et les paysages défilent sur ses verres anti-reflet.
Tout cela est très bien, mais aujourd'hui Soustache est Colère. Les cartes postales brûlent, fondent, se déforment, se craquellent, s'effritent, s'effondrent, sombrent, implosent, se consument, se désertifient, et c'est toute l'espérance de Soustache qui en pâtit. Car aujourd'hui, elle ne peut plus vivre dans la langoureuse attente de la Californie, puisque ses orangers se sont transformés en arbres à Mr. Freeze, le glaçon friandise.


Rendez-lui ses rêves! Sauvez la planète!
Elle a décidé de donner un tour constructif à sa révolte. Après Nicolas Hulot, après Al Gore, après Arnold Schwarzenegger, elle aussi y va de ses dix conseils pour rendre aux cartes postales leur douceur d'antan.

1/ Cessez de cautionner la plus grande cause de pollution. Cessez de travailler. Pour de bon. Vous ferez grâce à la planète de vos déplacements en voiture individuelle, et du chauffage à fond dans votre entreprise à cause de Micheline, ménopausée depuis 3 mois, qui a tout le temps froid et qui aime le faire savoir. Allez faire un tour au bord de l'eau, ça vous fera le plus grand bien.

2/ Protégez la biodiversité. Hébergez chez vous un animal en voie d'extinction, fût-il Grand Panda ou Gros Robert, le tenancier du bar-tabac d'en bas.

3/ Réduisez vos détritus. Pensez au potentiel de réutilisation de chacun de vos vieux objets pourris, avec une pensée toute particulière pour vos déchets électroniques, qui malgré toute la bonne volonté de l'Europe réunie, ne connaissent pas encore le repos d'un séjour en centre de recyclage. Votre télévision est morte à la dernière rediffusion de Basic Instinct et trône dans votre séjour comme le vestige de vos désirs frustrés? Votre poste bien moche et bien gros fera une merveilleuse jardinière pour y faire pousser vos propres fruits et légumes. Votre vieux PC portable surchauffe? Faites-en un magnifique chauffe-plat. Grand Panda et Gros Robert seraient-ils devenus un peu encombrants? Pensez à la taxidermie, qui connaît un nouvel essor sur Ebay.

4/ Buvez au robinet. Le coût écologique de l'embouteillage (système de pétrochimie pour fabriquer les bouteilles, convoyage dans de vieux cargos en fin de vie, acheminement par des 33 tonnes plus que douteux...puis envoi de bouteilles à la mer non biodégradables) est un coût dont notre douce planète pourrait se passer. Buvez tout ce que vous pouvez au robinet: l'eau, si le coeur vous en dit, mais aussi la bière, le vin... Mourcil et Soustache interpellent aujourd'hui les autorités publiques : à quand la distribution de rébou de qualité au robinet? C'est urgent!

5/ Boycottez les sacs plastiques. Ennemis des petits enfants et des tortues de mer (des dauphins aussi, mais qu'ils crèvent, les sales) qui les confondent avec des cagoules pour les uns, et des méduses pour les autres, les sacs plastiques, en plus d'êtres moches, auditivement inesthétiques, et incapables de transporter plus de trois bouteilles à la fois, sont MECHANTS. Préférez-leur un autre mode de transport de votre ravitaillement, tel que le caddie, la mule ou les bras de vos amis (rappelez-vous, dans Fort Boyard, pas de sac plastique qui tienne!).

6/Plantez un arbre. Oui, oui, je vois venir les plus urbains d'entre vous qui n'ont pas la chance d'avoir une terrasse pour y faire pousser des arbres à vodka. Déjà, on ne vous dit pas de planter un arbre chez vous, pas de panique. Pour ceux qui ont eu la mauvaise inspiration d'aller voir The Fountain, fable nouvel-âge québéco-inca, on ne vous dit pas non plus d'ingérer un arbre ou de passer votre vie dans une bulle cosmique à côté d'un tronc poilu. Nooon. Planter un arbre c'est d'abord planter une graine (ces saloperies de pépins de clémentines germent très bien) là où il n'y en a pas : sur un rond-point, sur une pelouse d'entreprise, entre deux pavés, sur un coin de terre à la Défense (si, si, il y en a!), vous voyez le topo. Oh, et pour les petits curieux, les M&M's, ça ne marche pas.

7/ Passez aux énergies renouvelables et faites d'un sac plastique trois coups. Les vaches, grâce à leurs quatre estomacs, constituent la plus grande source de méthane sur la planète. Le méthane, en plus d'être un gaz qui pue, contribue fortement à l'effet de serre, et c'est pour ça qu'il fait trop chaud et que le JT vous abreuve des complaintes des petits commerçants qui désespèrent de se débarasser de leur stock de pulls moches. Paradoxalement, c'est aussi pour ça que les oranges se les gèlent en Californie. Soit. Les vaches pètent et polluent. Oui mais que faire? C'est là que Soustache intervient : prenez vos stocks de sacs plastiques dont vous ne savez que faire, à part les donner aux petits enfants de la maternelle d'en bas qui crient très fort tous les matins. Si, si, il vous en reste, les races de flemmards comme vous, je les connais. Scotchez-les bien autour de l'anus (pour les non-latinistes, le trou-du-cul fera l'affaire) des vaches dont vous croisez la route. Vous pouvez pas le manquer. Revenez quelques heures plus tard, récupérez les sacs plastiques bien gonflés, faites vite un noeud et hop! Du chauffage pour toute la saison froide/tiède.

8/ Faire imprimer les prospectus sur les rouleaux de papier toilette. Parce qu'on a toujours besoin de lecture inintéressante dans des moments de recueillement, et parce qu'on plante pas des arbres pour en faire des prospectus pour allo apéro. Et puis, quand même (Soustache est esthète), pour la beauté du geste.

9/Transportez vous en commun. Et profitez-en pour bouquiner un peu.

10/ Répandez la bonne parole autour the vous. Brillez en soirée et passez le méconnu Don't Kill the World de Boney M., premier tube écolo, et dernière chanson connue du groupe afro-allemand. Portez des t-shirt "Je suis écolo et je me la pète" ou mieux, "Obey Soustache". Arrêter de tirer la chasse d'eau et dites que c'est pour sauver les baleines et les esquimaux. N'ayez plus peur. N'ayez plus honte. Faites ce que vous voulez, du moment que vous sauvez le monde.

Au nom de ses cartes postales, Soustache vous remercie.



13 janvier 2007

Scout toujours!

Soustache célèbre le centenaire du scoutisme à sa manière, et livre à son public adoré, quoique peu présent, ses conversations électroniques jobesques avec son cher Scout. Prétextant un anniversaire de collègue, on y parle féminisme, culture, et dyslexie.

13h53, Nelly écrit (à team@blondivie.com):
Judy m'a suggéré l'idée, pour Carlotta, d'un mixer (apparemment elles en ont parlé...) J'irai chez Promotruc, sur les Grands Boulevards, comme ça, niveau prix, ça ira.
Qu'en pensez-vous?
@++

Nelly

13h56, Soustache écrit (à team@blondivie.com):

La féministe qui sommeille en moi se révolte quelque peu à l'idée d'un cadeau induisant un message type "les femmes au fourneau". Cependant, si telle est son envie, je ne peux que m'incliner. On ne libère pas une femme contre son gré...

S. (ni chienne, ni de garde)

14h10, Nelly écrit (à team@blondivie.com):
Apparemment, il y a aussi une autre idée pour Carlotta: des places de théâtre...

Nelly

14h15, Le Scout écrit (à team@blondivie.com) :
Je ne connais pas les goûts de Carlotta mais j'ai entendu dire que l'Odéon allait reprogrammer exceptionnellement "Bigard met le paquet".

Le Scout

14h18, Soustache écrit (à team@blondivie.com):
Belle idée, on peut aussi mettre le slip de Bigard dans le mixer, pour réconcilier tout le monde.

S.

14h23, Le Scout écrit (à soustache@blondivie.com)

Je vois que tu n'oses pas signer tes mails, voilà qui est fort pleutre.
Pour un peu je dirais que tu fais montre de pleutritude.

Sc.


14h26, Soustache écrit (à scout@blondivie.com)
Oh, je signe toujours S., j'estime que c'est suffisamment identifiable par le commun des consultants.

Et c'est toi le couard.


14h28, Le Scout écrit (à soustache@blondivie.com)
Je t'aurais! Un jour je t'aurais!*

Sc.

*Je préfère lever d'entrée toute équivoque. Le verbe avoir est ici employé dans un sens purement martial.

14h30, Soustache écrit (à scout@blondivie.com)
Tant que t'es pas dyslexique et que tout cela ne devient pas marital, je relève le défi.

S.

Le Scout est-il dyslexique?
Comment se concrétisera le "défi" entre les deux collègues?
Qu'aura Carlotta pour son anniversaire?
Y-a-t'il un lien entre le Sudoku et l'expression @++?

Vous le saurez dans le prochaine épisode de Soustache au Job, si Soustache n'oublie pas d'aller au "dej" d'anniversaire de Carlotta, dont elle se fout comme de son mixer.
A suivre : Soustache au Job-6 : Le Secret de Mademoiselle O.


09 janvier 2007

Letters always get burned



Très cher Pirate de Carton,

Ce silence nouvellement advenu est fondé sur un regrettable malentendu. Lorsque je vous ai donné mon coeur sur un plateau, sans prévenir quiconque et sans artifice, sans un mot d'explication, vous ne saviez pas (et comment auriez vous pu?) que sa fraîcheur, sa rougeur, et sa vigueur tenaient du miracle.

La dernière fois que je l'avais entr'aperçu, il m'était apparu fort sombre et presque inerte, d'une froideur effrayante.

Je vous l'ai donné sans intention, et c'est peut être le geste le plus simple qu'il me fût advenu de commettre.
Je vous l'ai donné à voir, à manipuler, à prendre peut-être, en toute confiance, poussée par la joie simple et entière de le voir ainsi battre. Cette joie, je pensais pouvoir la partager avec vous, de même que nous nous étions émerveillés de la capacité qu'ont certaines plantes de se régénérer d'elles-mêmes après un hiver cruel ou un été particulièrement mordant.


En aucun cas ne voulais-je m'en décharger sur vous, ou vous en confier la garde douloureuse.


Vous avez d'abord détourné le regard, ne voyant dans ce que je vous offrais qu'un aveu honteux, une tare qu'il eût mieux fallu dissimuler, une affection physique répugnante.
Puis, comme mes mains d'enfant continuaient de tendre vers vous cette excroissance dont vous ne saviez que faire,vous vous en êtes saisi, et ne percevant que son poids, vous l'êtes attaché à la cheville, comme une entrave de bagnard. Vous l'avez trainé au sol, dans votre ombre, sur les pavés descellés de nos nuits et de nos jours, lourd d'une destinée qui ne vous était pas échue.


Je vous le reprends aujourd'hui avant qu'il ne se meure à nouveau, triste de vous voir apesanti par ce qui m'a rendue si légère. Ses égratignures, ses battements un peu fous, ne sont rien que le temps et le soin ne pourront réparer. Transplanté derrière mon sein gauche, de nouveau dissimulé à votre vue, il reprendra racine, nous le savons tous deux.


J'ignore encore qui d'autre que moi aura la primeur de sa prochaine floraison. Je n'ose vous le souhaiter, mais l'espère encore en silence.


Votre Amazone de Papier.