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04 mars 2008

No Country for Old Men, J.&E. Coen ; 2008

Genre : Fantaisie intergénérationnelle

Thèse : De l'obsolescence du Cow-boy.

What would the cow-boy do?

Telle est la question qui semble présider à l'expérience dont nos deux anthropologues américains livrent le résultat en images animées : comment réagirait un cow-boy tout ce qu'il y a de plus classique aux évolutions du Tekzas moderne?
Hibernatus à la sauce barbecue, No Country for Old Men est une formidable leçon de vie, pour le Cow-boy, mais aussi pour le Spectateur.


Le Cow-boy d'abord, étonnant spécimen qui présente toutes les caractéristiques de sa race : taciturne, moustachu, entêté, conducteur de pick-up, consommateur de santiags, adroit au shotgun, simple et viril, patient comme puma, persévérant comme le grizzly, malin comme l'écureuil gris, il est assujetti aux émotions d'une époque révolue. On le voit même être pris de remords!
Bourré de qualités, le Cow-boy n'en est pas moins un profond inadapté. Il apprendra à ses dépends plusieurs leçons essentielles du monde moderne :
- Une valise pleine de 2 millions de dollars appartient toujours à quelqu'un, même si on la trouve en plein désert.
- On ne donne pas à boire aux mexicains passeurs de drogue, même s'ils ont l'air presque morts.
- Les transpondeurs, c'est pas que pour Jack Bauer (le pauvre n'a pas vu 24!)
- Le shotgun c'est dépassé. La bonbonne d'air comprimé, c'est plus classe.
- Les médecins mexicains, c'est pas terrible.
- Les motels ne sont pas des endroits très sûrs.
- Tirer le premier n'est plus un mode de virilité très efficace.


Comme pour montrer au Spectateur un peu ignare à quel point le Cow-boy n'a rien compris, nos deux frères construisent en parallèle l'archétype d'un Homme Moderne. Forcément, cet Homme Moderne a furieusement envie de casser la gueule à notre Cow-boy, certes attachant, mais quelque peu irritant. L'Homme Moderne a appris des années 80 d'autres manières d'exprimer sa virilité : il assume sa coupe au bol, il ne se laisse jamais contrarier plus de deux secondes sans réagir de manière ferme, il place sa liberté au-dessus de toute autre chose. Il n'aime pas trop les vieux et goûte à les taquiner. Aucune serrure ne lui résiste (je ne saurais voir dans l'insistance qu'ont eu les frères Coen à nous montrer cet aspect de sa personnalité autre chose qu'une belle et puissante ode à sa virilité), il a le regard perçant et la voix profonde. Il ne perd jamais son calme, même dans l'adversité. Il n'est pas du genre à s'effrayer d'une égratignure. Malgré son air un peu sombre, il reste joueur.


On apprend beaucoup du destin croisé de ces deux personnages, qui ont le bon goût de danser autour de leur propre caricature sans jamais y tomber. On verra ce flim en VO, pour les voix masculines de haute qualité texane. On en retiendra une furieuse envie de s'équiper d'une bonbonne à air comprimé, instrument qui impose le respect. A comparer, c'est tout de même plus classe qu'une tronçonneuse. Et puis les abattoirs évoluent, eux aussi.

Citations :

01 août 2007

2007, l'odyssée de l'homme-tronc

C'était aux temps primitifs, l'humanité ne connaissait pas encore le string pour homme et les femmes arboraient des toisons luisantes de mille feux. C'était 1976.

L'homme découvre Calmos, de Bertrand Blier.


Après avoir fui les villes et ses féministes hystériques pour retrouver les plaisirs simples de la vie grâce à un curé rubicon, deux hommes sont chassées par des amazones nymphomanes regroupées en escadrons.
La chasse au pénis est ouverte, lapin-lapin en liberté que Bau-Bo veut remettre à sa place, bien accroché à sa toison.


En 2007, les filles se carressent en soutien-gorge blanc. Il fait beau, le réchauffement climatique rend la lumière comme dans des films avec brigitte lahaye.





L'homme de 1976 résiste.




Et l'homme de 2007? Il ne s'en tiendra pas là, qu'on se le dise.

03 juillet 2007

Death Proof ; Quentin Tarantino, 2007



Genre: étude sur la féminité au XXIe siècle.

Thèse:
Quelque sale hypocrito-phallocrate qui n'a pas trouvé mieux comme pseudo qu'une vague région d'Espagne avait lancé, à la toute fin d'une soirée trop arrosée du siècle dernier, sur le ton de la blague, que "la femme est l'avenir de l'homme". Toute personne munie d'un bac L ou assimilé en a entendu parler. Pour les autres, vous avez bien un oncle qui écoutait Léo Ferré à fond en se prenant pour un poyète. Soyons raccord sur les références.
Et bien pour Tarantino, non seulement la femme n'est pas vraiment l'avenir de l'homme, mais c'est bien plutôt l'homme du passé qui est l'avenir de la femme. Expliquons-nous.

La femme des années 2000 est sexy, libérée, se promène en culotte, ou en short pour la version extérieure, boit, fume, est indépendante financièrement, raconte sa vie sexuelle par le menu, fait de bonnes blagues et baise qui elle veut. Elle mène les hommes par le bout du nez, et rien de plus facile, puisque les hommes des années 2000, bassinés de Léo Ferré et de poètes blagueurs, ont les sourcils épilés, ne supportent ni la douleur, ni la saleté, et se font manipuler par la femme de 2007, qui les connait par coeur et qui se fait payer des coups toute la soirée par ces mêmes avortons pleurnichards qui pensent pouvoir les ramener dans leur lit à coup de Jägermeister.

La femme des années 2000 s'en sort bien. Jusqu'au moment où elle croise le chemin de l'homme des années 60.
Uberviril, l'homme des années 60 mange avec les doigts, s'installe au comptoir et attend son heure. Prédateur, il sait passer inaperçu jusqu'au moment où sa proie montrera un signe de faiblesse. Séducteur, il sait manier les antiques manivelles, qui fonctionnent d'autant plus que la femmes des années 2000 n'en a entendu parler que dans les contes de fées. Balafré, il inquiète. Il fascine. Il excite, un peu. Mais au final, il appartient au passé, et la femme du XXIe siècle ne s'encombre pas de vieilleries.

Alors il se venge. Et il y parvient parce que la femme des années 2000 a un point faible. C'est avant tout une poufiasse qui se met la tête en soirée, qui écoute des vieux tubes à fond en secouant la tête et ses cheveux longs, qui conduit de minuscules automobiles girly et qui va faire des pyjamas party quand les garçons sont trop nuls. Bilan: 5 mortes.

Heureusement, la femme du XXIe siècle apprend de la vie et de la mort de ses congénères les leçons que l'évolution veut bien lui donner. Pour combattre l'homme des années 60 tout en conservant les avantages de sa féminité tentaculaire, elle devra se laisser pousser des couilles, et combattre l'homme du passé sur son propre terrain. A elle les guns, les vieilles bagnoles, la violence verbale sur l'autoroute et les bons gros coups de latte dans sa gueule. Mi femme des années 2000, mi homme des années 60, la femme du XXIe siècle est l'avenir de l'Homme. Sauf que cette fois, c'est pour de bon.


La structure du film reste simple:

1. La femme du XXIe siècle v.0.7 V.S. L'homme des années 60
2. Le shérif a tout compris mais préfère prendre du bon temps (pivot du film)
3. La femme du XXIe siècle v.1 V.S. L'homme des années 60

On retiendra de cette étude ses dialogues toujours aussi verdoyants, ses bagnoles, et sa musique. On en retiendra aussi une furieuse envie de passer son permis de conduire.

Pam: Hey Warren, is there any way I can get a ride home at this place?
Stuntman Mike: [tosses his keys across the bar] Fair lady, your chariot awaits.

Kim: I have the biggest motherfucking dick of the whole highway!


12 février 2007

Apocalypto ; Mel Gibson, 2006

Genre : documentaire animalier

Point de vue / images du monde :

Apocalypto est une reconstitution de la chaîne alimentaire au XVIe siècle. Les indiens mangent le tapir. Ils sont capturés et bouffés par des Mayas. Qui seront capturés par les conquistadors qui débarquent sur la plage dans le dernier plan du film.
Synopsis intéressant, donc qui permet au film d'atteindre une vérité proche du documentaire animalier. Disons de faux documentaire animalier, avec un acteur dans le rôle du Jaguar, de la Tortue, ou du Boss de Street Fighter.
À la Gibson, le film est une longue douleur physique ponctuée de cruauté. À l'écran, il y a toujours quelqu'un qui souffre : une flèche dans le bras, un égorgement, un pique-nique de jaguar, un éviscéré, un décapité, un accouchement à la mamma mia, etc.
La moralité pourrait être qu'ilil faut souffrir pour être un héros, même sans public, ou bien que la déforestation, c'est pas si mal finalement.

À saluer en tout cas : la performance de Gibson. Ressusciter une langue morte au cinéma pour faire dire à des indiens en string : je vais te tuer fils de pute.


Structure :
1. Le paradis, ode à la nature couillue
2. La capture, ode à la viande fraîche
3. La fuite, Predator vs. Rambo, ode aux p'tits malins

Avec entre la phase 2 et 3 l'éclipse, qui est le pivot du film


Citations :
Jaguar Paw: I am Jaguar Paw


[after a snake has bitten one of them]
Middle Eye: He's fucked.

Inland Empire ; David Lynch, 2006

Genre : odyssée subliminale

Pitch : A woman is in trouble

Structure [dans le désordre] :
1. rêve
2. couloirs
3. rencontre
4. la boîte
5. ex-it

Citations :
Nikki: Some men change. Well, they don't change - they reveal. They reveal themselves over time, you know?

Nikki: Who was it?
Devon Berk: Disappeared where it's hard to disappear.

Lori: With tits like yours, there's always a chance.


Première vision :
"On se rêve un autre, on ouvre une boîte, on se réveille".
Dans Inland Empire, il y a un rêve noir, rampant, collant, qui cherche vainement à dévorer le réel qui l'entoure, le nourrit, et le tue.
Dans Inland Empire, il y a des fantasme qui ne quittent pas le sol, c'est à dire le rêve.
Dans Inland Empire, il y a un oeil, omniprésent et omniforme, c'est une fenêtre, un trou de cigarette, un objectif de 35mm, une ouverture sur l'au-delà.
Dans Inland Empire, comme dans Lost Highway et Mullholland Dr., il y a la Conscience, grimace maquillée, intrusive, stérile, qui abaisse les plafonds, ferme les portes, coupe le son, éteint les lumières.

Dans ce long voyage, le rêve est un repli sans espace, non pas un ciel mais une cave, écrasée par la réalité qui s'engouffre par toutes les portes de la perception. On s'y cogne, on s'y étouffe. Alors on refuse temps et espace. On redevient l'Enfant qu'on n'a jamais su être. Et on attend.

Haut-faits :
Le son, la façon de filmer le vide, les variations de couleur, la confusion DV/35mm, les regards.