19 octobre 2006

Soustache aux Ass & Dick - 3 - Call girl

Il fallait appeler l'ANPE. C'était la seule tâche dont je devais m'acquitter dans la journée. Et pourtant, pour savourer le goût de l'obligation, du devoir, de la tâche à accomplir, j'attendis que quelques heures s'écoulent mollement, que la lumière grise parcourre une bonne partie de la table de la cuisine avant de saisir à pleines mains mon téléphone d'une part, Mon Dossier Assedic d'autre part.
Pleine d'entrain et d'espoir renouvelé, je composai, péniblement, le numéro. (sachant qu'il comporte un "5", je vous laisse imaginer la difficulté de l'opération).

Occupé.
Je rappelle.
Occupé.
Je rappelle.
Occupé.
Je rappelle.
Occupé.

Je reste quelques instants interdite devant l'absurdité de la situation et le vide dans lequel ma vie a subitement plongé...et rappelle.
Occupé.
Je tente de conjurer le sort, lance un dé, compte le nombre de secondes correspondantes (j'aurais du m'en douter, c'était un 5), et rappelle.
...Occupé.

Un éclair de génie illumine fugacement mon esprit, et j'appelle mon "agence Anpe". Un homme, jovial, habitué, un peu taquin rétorque à ma tentative de contourner le système en prenant ma voix de blonde désespérée un peu naïve mais tellement sexy :"non non non, mademoiselle, pour prendre rendez vous avec nous, il faut appeler la PLATEFORME Anpe, c'est comme ça, pas autrement. Et oui. Il faut persévérer."

Je persévère donc, un peu touchée dans ma sexytude...
Occupé.

Pendant l'heure qui suivit , je jouai à Linerider d'une main, et appelai, de temps en temps, l'ANPE de l'autre.
Une vingtaine de chutes, de gamelles, et aucun looping plus tard, une petite voix joviale, que je soupçonne d'être en tous points identique à la précédente, énonça un superbe "ANPE oui bonjour!".

J'avais vaincu. Mon courage, ma persévérance, ma ténacité et moi-même l'avions emporté.
Le chômage, ami bosseur, amie bûcheuse, est une école de la vie.




Playlist : Rose Murphy, Busy Line.

Saga-5, bras séculier vs. esprit frappeur

Les moniteurs d'école sont élevés en batterie.
À un moment de leur vie, on leur attribue une odeur, par exemple tabac, ou encore eau de cologne.
Puis un timbre de voix et une intensité de cordes vocales.
Tout le reste est à peu près identique en terme de format global (contrainte : passer beaucoup de temps dans des petites voitures), et la différenciation sexuelle, même si elle est physiquement bien affirmée, est relativement peu importante dans les faits. Au plan vestimentaire, des variations sont visiblement acceptées selon l'humeur du chef de production.

Sortis de la grande usine des Moniteurs, les individus se disséminent et donnent des conseils. C'est là que le moniteur fait l'apprentissage de ses capacités pédagogiques. Pour ce faire, il va notamment développer des fixations, aussi connues sous le nom de fixettes.

"Vos bras. Trop tendus. Relâchez-moi ces bras.
Vos bras, regardez, ils sont beaucoup trop serrés. Les bras.
Bras
Les bras, trop tendus
Désserez les bras
Bras"

La voiture résonnait de l'écho des bras, bras, bras, qui faisaient certes pas de wonder ce matin mais qui obéissaient à leur destin de bras mourcilien, c'est à dire d'avoir une maniabilité plus proche du pylone EDF que du télégraphe de Chappe.


Brassant le volant comme ils peuvent, la raideur des bras contrebalançe la ballade de mes idées,
Sans café, sans sommeil, sans everything.

Quel est le sens de la vie?
"Tournez à droite.
Vos bras, lâchez vos bras"
Alternance de peines et de joies.
"non mais attention regardez la trajectoire, c'est à cause de vos bras"
Ouvrir les yeux, marcher, vers où?
"plus doux les bras"
Lumière, obscurité, lumière
"mais gardez les mains sur le volant, tout de même"
Ouvrir les yeux, respirer l'odeur d'une femme, sa peau
"si vous gardez les bras comme ça, on va aller n'importe où"
Effluve, fragrance d'une minute, d'une journée
"vos bras, monsieur, vos bras!"
Le sens est dans l'Autre?
"arrêtez-vous là"


All the world's a stage,
And all the men and women merely players:
They have their exits and their entrances;
And one man in his time plays many parts,
His acts being seven ages. At first the infant,
Mewling and puking in the nurse's arms.
And then the whining school-boy, with his satchel
And shining morning face, creeping like snail
Unwillingly to school. And then the lover,
Sighing like furnace, with a woeful ballad
Made to his mistress' eyebrow. Then a soldier,
Full of strange oaths and bearded like the pard,
Jealous in honour, sudden and quick in quarrel,
Seeking the bubble reputation
Even in the cannon's mouth. And then the justice,
In fair round belly with good capon lined,
With eyes severe and beard of formal cut,
Full of wise saws and modern instances;
And so he plays his part. The sixth age shifts
Into the lean and slipper'd pantaloon,
With spectacles on nose and pouch on side,
His youthful hose, well saved, a world too wide
For his shrunk shank; and his big manly voice,
Turning again toward childish treble, pipes
And whistles in his sound. Last scene of all,
That ends this strange eventful history,
Is second childishness and mere oblivion,
Sans teeth, sans eyes, sans taste, sans everything.

17 octobre 2006

Soustache aux Ass & Dick - 2 - Kesskejpeufaiiiire


Tandis que Soustache se creuse la cervelle pour donner une nouvelle impulsion à sa vie professionnelle, il semblerait que Mourcil ait d'ores et déjà trouvé sa voie. Il va sans dire qu'elle bouillonne.
Mais promis, aujourd'hui elle rappelle l'Ahènepéheu. Sait-on jamais.

Low-Quality Playlist : Starmania, La complainte de la serveuse automate

Saga-École, épisode 4 : "vous aimez ça - hein?"

La portière s'ouvre dans un souffle.
Bruissement du velours tabagique.
Buée, RTL.
Il est 7:05.
Les mauvaises habitudes deviennent de mauvais réflexes si elles ne sont pas corrigées vite, et ainsi Hibou-Bernard a t'elle du être très peu corrigée dans la petite enfance lorsqu'elle hurlait pour obtenir un kinder surprise ou même un cerceau en bois.
Et maintenant, Hibou-Bernard a la pédagogie du cri.
Qui n'est pas sans effet réel. On est surpris par la vitesse à laquelle le corps est dissuadé par la perspective d'un hurlement auriculaire matinal. Hurlant d'un hurlement de vétérinaire, nasillard et sec, exhalant le tabac et excitant une bonne toux grasse qui termine la phrase mieux que toute approbation de ma part, Hibou-Bernard me dresse comme un Vietnamien un prisonnier US ordinaire il y a pas même 30 ans.

Toute hurlante qu'elle soit, Hibou-Bernard sait se faire Hibou-Chou.
De son timbre nasalisé, sa voix clôt la séance par une série d'appréciation formulée presque en regardant dans les yeux. "Vous avez de très bonnes dispositions, c'est pourquoi j'insiste sur les bases car autrement vous les négligerez".
Et au tournant de cette phrase, déplaçant lentement ses petites pupilles noires remplies à la fois de désillusion et d'une naïveté enfantine :
"Conduire, vous-aimez-ça - hein?"


"- oh oui madame"

16 octobre 2006

Soustache aux Ass & Dick - 1 - Pour une poignée de dollars

Après des semaines d'attente insupportable, d'ongles rongés, de crises d'angoisse et de cris dans la nuit, la Production est heureuse de vous présenter le premier épisode de votre série de la rentrée (universitaire). Après des atermoiements dûs à quelques soucis techniques (le perchman aurait grimpé la monteuse) auxquels se sont ajoutés la concurrence inattendue et fourbe de l'autre anogénie de la rentrée, une saucissonnade d'auto-école, sorte de roman-feuilleton d'apprentissage au parfum d'Asie, qui connait le succès que l'on sait, et l'attaque de mononucléose aigüe de notre actrice principale, Soustache aux Ass & Dick apparaît enfin sur vos écrans.

Le chômage est une activité à part entière, tout aussi aliénante, épuisante et frustrante que son alternative travaillée. Tout travail mérite salaire. Tout chômage mérite indemnités, qui ne sont ni récompenses d'avoir vendu son âme/son temps/son corps/sa vie à quelque diable capitaliste pendant quelques mois, ni mains-tendues- dans-la-nuit-tiens-pauvre-bougre-va-te-prendre-une-bière -ça-te-fera-des-vitamines. Le Chômage est une aussi grande mascarade que le Travail, et s'y plier, c'est être payé. Et c'est bien mérité.
C'est hantée par ces quelques réflexions sur la vérité ontologique du chômage que je me rendis pour la première fois aux Ass & Dick. J'errais comme une possédée dans les rues brumeuses et désossées du XIXe, l'oeil fou et les cheveux hagards, les vêtements de travers, passant en revue mentalement et fébrilement les "pièces du dossier à fournir impérativement" que j'avais hâtivement fourrées dans mon sac : il était 8h30, et cette heure de la journée ne m'avait été donnée à vivre que sous forme de sommeil depuis des mois et des mois de - pas si dur - labeur.
La porte était ouverte, et la queue déjà longue s'épandait sur le trottoir, soviet-style. Mes co-demandeurs d'emploi avait tous l'air las des travailleurs du métro de 6h et ressemblaient étrangement à ceux qui de l'autre côté du trottoir, frais rasés et costumés, se pressaient pour ne pas manquer leur conf' call de 9h15.
Ellipse. Sieste éclair sur les sièges modernes de l'accueil-salle d'attente-point internet retour à l'emploi-point tel anpe ligne directe.
Numéro 404. Bureau 12D, clignote le panneau d'affichage de ses petits points rouges et colériques. Munie de mon ticket, de mes papiers, d'un dossier fourni par les Ass & Dick et prudemment imprimé de la mention "Mon Dossier Assedic" par des autorités confiantes dans l'intelligence et le pouvoir de déduction de ses demandeurs d'emploi, de mon café infâme mais fumant et de tout le reste de mon barda, je déboule, vêtements hagards, oeil de travers et cheveux fous au 12D.
Quatre murs, un bureau, deux chaises, un ordinateur, le tout uniformément gris. La pâle auréole d'une lampe tente en vain d'animer le bureau qui absorbe la lumière comme un vortex en formica. Et derrière siège Mireille, dragon endormi de l'antre fétide, coincée dans son siège du 12D depuis mai 1972.

Mireille ne dit rien. Mireille ne me regarde pas. Trop fatiguée pour respecter une étiquette que je juge de toute manière complètement déplacée, je murmure un "bonjour", je m'assieds sur la chaise vide, en face de Mireille, et dispose mes papiers, "Mon Dossier Assedic", mes stylos tout bouffés au bout lors de réunions qui semblent appartenir désormais à une dimension parallèle, le tout en éventail sous la tâche de lumière.
Mireille ne dit rien, Mireille ne me regarde pas. Je termine mon café, moins fumant mais pas moins infâme, et entreprends d'enregistrer tous les indices qui permettraient d'éclaircir le mystère Mireille. Elle est énorme et bouffie, les joues rubicondes et luisantes. Le reste de son visage est jaune nicotine, et sa coupe mulet, par extraordinaire, se situe exactement entre le gris 12D et le Nicotine sur l'échelle chromographique. Par bonheur pour la qualité de mon réveil, la moitié de son visage est dissimulé par d'imposantes lunettes en verre fumé, ce qui la positionne entre CHIPs et Nana Mouskouri dans le grand organigramme des personnalités qui ont compté dans ma vie. Sur le mur de gauche, un panneau en liège. Sur le panneau :
-une note de service datant de 2004
-une photographie, récente, des vacances de Mireille. Un portrait en contre-plongé qui laisse apparaitre les grasses épaules dénudées de Mireille, son visage, avec les mêmes lunettes fumées, transposé sur un fond de ciel bleu et d'océan. Elle ne sourit pas et tient dans ses bras un petit ratier peu engageant.
-Un autocollant portant la mention "Je ne râle pas, je m'exprime".
Mireille ne me regarde pas. Mireille s'adresse à moi : "c'est vot' première demande?". Oui, c'est ma toute première fois Mireille, et c'est avec émotion que je remplis mon dossier virginal, ligne après ligne, case après case, une page après l'autre. Et je m'applique, Mireille, pour te rendre la journée plus douce.
"C'est quoi consultant djounior? Ils savent plus quoi inventer. Pour l'Anpe, faudra expliquer, hein." Oui, Mireille, foule à tes pieds mes 6 pauvres mois "pile poil jouste assez pour les indemmités" de carrière professionnelle qui ne sont que poussière face au monument du sacrifice de ta vie au Service Public. Réduis à néant mes efforts tous les jours réitérés pour trouver du sens à la vie travaillée et au monde construit tout autour. Puisque ce monde est mort, Mireille, puisqu'au job, ils n'ont plus d'argent, puisqu'il ne reste que nous deux et les Ass & Dick, ce bureau, ces deux chaises, je me soumets à ta matrone volonté, frustre mais juste.
"Voilà alors ça ce sont vos indemmités, combien, quand, et pour combien de temps, ça c'est votre attestation de demandeur d'emploi, pour aller au musée et tout, et puis ça c'est le numéro de l'Anpe, faut appeler, prendre rendez vous, c'est IMPORTANT, sinon vous aurez pas les indemmités. voilà. sinon, lisez ça, là (désignant Mon Dossier Assedic), c'est tout expliqué. Aurvoir."
Aurvoir Mireille. Je ne me suis pas retournée en partant, mais ton visage me hante encore alors que les jours passent et QUE JE N'AI TOUJOURS PAS APPELE L'ANPE. Je le ferai Mireille, je te le promets, en souvenir de toi.
Mais que le temps passe vite, chaque jour est ouaté de sommeil, de mauvais programmes télé, aspiré par la spirale de l'Internet, des siestes et des apéros. Cela prend du temps de devenir une chômeuse véritable; c'est tout l'apprentissage d'une vie qui a pour seul cadre celui qu'on veut bien lui donner. Et pour l'instant, la seule règle valable est celle du sommeil.

Pierre Bonnard, La Sieste, 1900

Playlist : Muse, Feeling Good




13 octobre 2006

Pouet

Mourcil célèbre 2 heures passées sans dormir.


Playlist : The Chemical Brothers - Asleep from the Day

12 octobre 2006

4e épisode delasaga : Tourner de volant vs. JC Dus

La nuit.
La grande salle de bain du monde est remplie de cette eau hachée menue qui remplit l'air comme une multitude de petits poils mouillés. Le sort de l'humanité peut basculer sous l'effet de ces minuscules bouts de barbe qui sont comme des sortilèges balancés devant la cheminée par une petite fille blonde à Christopher Lee.
Et ainsi en fut-il de mon propre sort, debout-tout-seul devant mon immeuble, petit pion sur l'échiquier spielbergien.
À l'instant précis où j'avance vers Fidel Destriero, Bycycle Ô Bycycle, Père de tous les Vélos, une silhouette glisse dans la nuit.

Une mélanielaurent.

Entendons-nous, pas Mélanielaurent, une mélanielaurent. C'est à dire un port de tête étherien, un regard atmosphérique, et puis un corps. Brune. Mais c'est tout, par exemple, pas la bouche, ô cette bouche.

Tout moy se fige.
Elle passe à 10 cm de moy ; Tout moy s'interroge, puis regarde la route de son côté. Puis de l'autre côté, direction Vitrine. De son côté. Vitrine. Côté. Vitrine.


7:01. L'oeil ouvert dans la nuit cligne.
La porte de l'école-à-conduire s'ouvre. J'avance vers la voiture en compagnie du saint-bernard-hibou.
Je dis : la voiture, je pourrais dire : le cendrier.
Tout étonné d'être là, j'écoute distraitement RTL en regardant bouger les lèvres du hibou-genou et en pensant à mélanielaurent, et puis aussi à Jane, parce que les relations d'idée, il faut savoir les regarder comme un grand spectacle en se laissant prendre par la main.

Chose étonnante dans cette école-à-conduire, ce matin j'ai conduit.
Au rythme des flashs RTL, et en faisant parler le hibou comme on fait parler son chien, avec un sourire gentil, en secouant la tete de temps à autre. En l'espèce, aussi en faisant 1000 tours de pâtés de maisons - mais il fallait bien ça pour aller jusqu'au bout de ses besoins.

Dans le décor impérial de la BNF vétue de réverbères et de brouillard, impassible tel un respirateur tantrique, Deusanssisse glisse.
7:05 : "non non monsieur, tourner de volant ne va pas du tout"
7:10 : "vous savez, moi, cette histoire de bébés congelés, je trouve ça fou. Parce que bon, quand même pas se rendre compte que sa femme est enceinte, faut avoir les yeux bouchés
7:15 : "vous savez, moi, j'ai ma petite idée sur cette histoire d'allemande kidnappée. Elle a ptête bien été enlevée au début, mais après, j'ai bien l'impression qu'elle est tombée amoureuse"
7:25 : "vous savez, il y a quelques jours, on a balancé une bouteille de ricard du haut d'un immeuble sur ma voiture. Non non non, qu'est-ce que je dis. Pas du Ricard, du Pastis 51 [en articulant bien "51"]
7:35 : "vous savez, moi, vous, les jeunes, je vous plains. Par rapport à mon époque, je vois bien toutes les différences. On pouvait dire merde à son patron le vendredi parce qu'on en trouverait un autre pour le lundi"
7:45 : "vous savez, moi, je suis pas raciste, mais quand même, je préfère travailler avec beaucoup de chinois que d'autres qui viennent de d'autres endroits"
7:55 : "c'est très bien, la prochaine fois, vous ferez l'accélérateur et les vitesses.

Moralité : quand ça sent le tabac quelque part, faut pas pousser beaucoup un saint bernard pour qu'il se transforme en jean-pierre-pernaud.


Auto-école : 3 - Mourcil : 1

Mind the (Time) Gap

Cher Journal,

Le Dieu Priape, qui avait cru bon de partir en vacances aux Seychelles a fait sa réapparition hier soir, pour le bonheur de moy. "Tout nu et Tout bronzé", selon les paroles saintes du Psaume Perdu. Enfin mes nuits sont-elles habitées par Sa verticalité qui se faisait attendre! je me prosterne et je danse, tout en meme temps.
Ah, journal, que n'es-tu doué de parole! qu'il serait juste et bon de converser! Si tu etais incarné, je me demande bien à quoi tu ressemblerais.

Journal, il est inutile de te dire qu'en cette période de chomâge imminent, ma motivation est aussi basse que la plus basse de tes copines, si tant est qu'en ta qualité de journal, tu puisses avoir l'équivalent de copines. J'arrive à la mi journée, mes yeux se baladent, caressant les longs tuyaux colorés qui structurent mon horizon et mon paysage encadré, j'attends que vienne la fin. Et, paradoxalement, on me demande de finir en trois jours ce qu'on devait me payer trois mois pour faire...
Le ciel me joue des tours, ou mon astro-hebdo est à un "all-time low", comme dirait David Bowie, entre autres.
Pourtant, il fait un temps parfait pour oiser. Je parie que quand je serai VRAIMENT sans emploi, il pleuvra.

Comment-vas-tu, Journal? suis-je bête, tu ne peux pas répondre.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ces lignes soustachiennes dates d'il y a précisément 2 ans. Ce qui pose la question de l'intemporalité, voire de l'éternité.
1. Comment Soustache pouvait déjà connaître l'issue de situations que quelqu'un d'autre vit aujourd'hui?
2. E
st-ce le chômage qui fait qu'il pleut, ou est-ce que c'est parce qu'il pleut que le chômage? Et qu'a fait Soustache pendant 2 ans?

Les réponses à ces questions interviendront peut-être au fil des 37204 épisodes des conversations de S & M, que les divinités de la luxure ont eu la gentillesse de découper comme des télénovelas brésiliennes
.
Mais ceci n'autorise personne à les comparer à un saucisson.





Playlist : Bonnie Rait - Round & Round

11 octobre 2006

Tsst

Soustache
quand qu'on exorcise et qu'on tue la maison??
quand t'auras fini de boire?

Mourcil
6l d'eau/jour, ma bonne Souste
comment voulez vous encaisser ça, hein?

Soustache
c'est trop, tu vas finir comme les vieux, tu vas mourir d'hyperhydratation, fais gaffe
pourquoi tu bois AUTANT

Mourcil
ma vessie m'avertit que je vais commencer à boire par les oreilles
parce que le dentiste le veut

Soustache
MAIS POURQUOI

POURQUOI

ton dentiste te fait des blagues?

Mourcil
mais non de dieu tu te rends compte de ce que TU demandes, Soustachée?

TU TE RENDS COMPTE?

Soustache
je demande QUOI?

une question qui commence par QUAND, je reconnais, peut t'etre anxiogène

Mourcil
attends attends, là t'es en train d'insulter toute une partie de l'humanité qui n'aime pas trop qu'on la titille sur l'horaire

Soustache
non de dieu de non de dieu

Mourcil
TU T'EN RENDS COMPTE PUTAIN DE MERDE

MAIS QU'EST CE QUE çA PEUT M'ENVERVER QUAND T'ES AVEUGLE À TOUT

Soustache
et je m'insulte MOI aussi du coup. ah tiens, prends toi ça, garce

Mourcil
CAR TU NE VOIS DONC RIEN?

Soustache
non
rien

Mourcil
rien.

Soustache
dis moi ce que je suis censée voir?

Mourcil
j'en étais sûr.

l'eau monte dans la baignoire
sur les vitres, les appels

Soustache
eau-eau

Mourcil
et toi tu ne vois rien
rien comme un oeil vide et torve et lepenesque
creux. absent. il n'y a rien dedans

Soustache
ok alors là je flippe. je viens de regarder par la fenetre et il y a un sosie de toi en bas

"We've met before, havent' we?"

Mourcil
regarde partout autour de TOI ENFIN BORDEL

Soustache
tu parles du texto?
j'AIME te faire courir
comme un chien après le sens.
mais ça va, hein, la réponse est que je suis libre quand tu le souhaites.

Mourcil
MAIS TU ES SOURDE EN PLUS D'AVEUGLE FOUTRE DE FEMME
tout ça en vain
tout

Soustache
non

Mourcil
tu es comme une paille d'un mac do jeté au caniveau
tu crois surfer alors qu'un chien te pisse dessus

Soustache
j'ai dit QUAND

Mourcil
quand, oui
pose toi bien cette question, Soustachée

tourne la bien dans ta tête

quand

Soustache
j'aime pas que tu m'appelles Soustachée
appelle moi Maîtresse

Mourcil
n'élude pas les questions, Soustachée
n'élude pas
ne cherche pas à te cacher derrière un bout de téton de Madame Félipée la patronne qui en fait des ravioles

Soustache
va te faire foutre, je retire ma question et je la pose à Julien Lepers

Mourcil
julien lepers est depuis bien longtemps parti violer ton père à troyes, Soustachée

ouvre les yeux

Soustache
au secours

Mourcil
regarde ce qui se passe

Soustache
je flippe
je rigoleflippe
demain, tu viens ouvrir les yeux avec moi et al gore?

Mourcil
le film n'a pas de spectateur
tu es le film, il est tout autour de toi

Soustache
ta bouche n'a pas d'oreille

Mourcil
encore, toujours, tu éludes
quand,

Soustache
JE SUIS LA FIN DU MONDE

Mourcil
quand

Soustache
quand?

Mourcil
quand...

Soustache
oui, moi aussi j'ai un quand qui me traine au cul

Mourcil
bientôt ce mot sera à ton oreille comme le sifflement de la fusée fixée sur l'anus de l'adolescent

Soustache
je sais

Mourcil
quand
écoute le bien

Soustache
oh, on a eu la meme image en meme temps

Mourcil
tes fesses ont pris la place de ton cerveau

Soustache
je sais
ta réponse est?

Mourcil
il est encore trop tôt pour poser les questions

va tuer les sangliers dans la forêt pendant quelques jours

retrouve des points de mana

Soustache
bon, hey, Yo fuckin' Da, arrete de me prendre le cul et dis moi si demain est un jour à flim
-soit l'al gore
-soit un panaché exorciste/maison qui tue

Mourcil
bon, je vais attendre combien de temps devant ta porte avant que tu m'ouvres?

ou dois-je ouvrir moi-même?

Soustache
HAHAHA

oui, ouvre

Mourcil
je vais boire
si c'est ainsi
et simplement faire le maneken pis devant ta fenêtre

Soustache
tain je suis con, je suis allée ouvrir la porte, prise d'un affreux doute
tu m'as EUE, salaud

Mourcil
HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHHA

Soustache
bon, alors demain, je vais voir la fin du monde sur grand écran sans toy

Mourcil
non

Soustache
si

Mourcil
non

Soustache
si

Mourcil
Non.

Soustache
Si.

Mourcil
N-o-N

Soustache
trop tard
la décision est prise

Mourcil
Z
0
Z

Soustache
elle est irrévocable

Mourcil
Non. Elle n'est pas irrévocable.

Soustache
siiiiiiiiii

Mourcil
Reviens en arrière. Ravale ton dernier mot.
Je répète :
Non.

Soustache
toi tu ravales

Mourcil
Sois conforme à ce que tu es, Soustachée
Ravale.
Retourne en arrière une seconde -
J'ai dit : Non.

Soustache
alors dis moi "oui Souste, on voit des flims demain, et je te ferai des ti punch"

Mourcil
Soustachée. Si tu dis oui, tu pourras voir un film demain, avec un peu d'alcool comme tu l'aimes

Soustache
Ouui

Mourcil
Yeeeeeha

en bonus :
pour ta soirée, il y a une théma Orgasme ce soir sur arte, 22:10
tu noteras que Orgasme et Orbite forment une même fratrie, et se priver de l'un, c'est dire adieu à l'autre
je te rappelle sans aucune arrière pensée vaudou, bien sûr

par ailleurs, Swanna est à cet instant avec Cognac Jay
et elle s'interroge sur l'opportunité d'un apérotif

Soustache : Statut changé en Inactif(ve)

Mourcil
ouais, c'est ça, me réponds pas
je te pisse à la raie, souste
et autant te le dire, tu vas pouvoir ouvrir une source de l'autre côté

Auto-école, 3e : çui qui dit qui l'est

La nuit.
En vélo au petit matin, la lumière fait que les gens ressemblent un peu à des playmobils, et un peu à des cibles dans carmaggeddon. Tous les comportements sont un peu aléatoires comme une intelligence artificielle. C'est l'heure de la matrice. Les visages se tournent lentement, expressions faites de lumière jaune et glacée à la fois, ralenti silencieux qui méconnaît les sons de la ville. Intense satisfaction du temps qui goutte à goutte pour les rares et précieux habitants de l'instant.

La nuit.
Sur mon visage, tous mes muscles se font courageusement la courte-échelle, martelés par derrière par les 4 bouteilles de vin fin absorbés jusqu'à environ 3h auparavant.

La vitrine.
Éclairée comme une maison d'amsterdam, mais avec des néons style épicier du coin.
La vitrine approche, oeil ouvert dans la nuit.
Devant la vitrine, une voiture, chevauchée aléatoirement par une jeune chinoise, elle même compactée dans son siège par la présence d'un gros saint bernard déguisé en femmes, avec des lunettes de hibou. Voiture rugit et saute sur place, comme pour signaler qu'elle aime pas trop ses cochers.
La vitre est ouverte :
"Bonjour, je crois avoir cours avec vous"
- non j'crois pas
- hmm, si si
- c'est quoi votre nooom?
- mourcil, chevalier de
"- comment qu'vous dites?" répéta-t-elle en boucle en s'extrayant du véhicule et avant de rouler jusqu'à l'intérieur de la vitrine
- mourcil, je le répéterai pas
- ah ben voilà il est déjà parti le moniteur daniel l'est déjà parti il est 7:10 il est parti à 05 je m'en souviens bien maintenant

Auto-école : 3 - Mourcil : 0





Playlist : Nina Simone, Feeling Good

06 octobre 2006

Ode à Groland

La saga de la voiture-école, épisode 2

Mes orteils écartés d'espoir et mes yeux ouverts d'expectative se rapprochèrent doucement, ce jeudi après-midi, vers la vitrine emplie de calendriers d'asiatiques aux seins dissimulés par des petits dragons et le sexe enrobé dans un bout de plastique couleur chair (mais chair occidentale), et par de très vieilles fausses plantes enrhumées de poussière. Cette vitrine, c'est l'Auto-école.

En se resserrant, mes orteils avancèrent vers le petit attroupement à l'entrée du bocal-école. Babel habituel, aucune langue connue ne permettant à mes oreilles de saisir qui/quoi/que, mon bassin fraya à travers la porte tel un chalutier russe brise-glace la banquise - à l'époque où elle n'avait pas fondu, évidemment.

Dans l'aquarium, mes mains eurent un petit hoquet de surprise en entendant le moniteur (qui connait pourtant ma gueule) : "ah, tu as un cours? qu'est-ce que c'est que cette histoire. Tu es inscrit, tu es sûr?"

L'organe capillaire se dressa.

"Tu as ton livret?", chercha à palabrer un chinois au faciès inconnu jusqu'alors.
- non
- comment ça tu as pas ton livret MAIS TU ES FOU ET SI JAMAIS LA POLICE ARRIVE COMMENT TU CROIS QUE CELA SE PASSE-TILL'
- j'ai jamais reçu de livret, vous m'avez jamais donné de livret, jamais dit qu'il en fallait un, on est 20 minutes dans ma 2e leçon de conduite que vous aviez oublié comme la première et vous m'informez d'un élément dont vous m'avez jamais parlé préférez vous que je vienne déféquer sur votre oreiller 2 heures après avoir mangé une laitière au chocolat datée du 29 septembre ou préférez vous que cette phrase ne s'interrompe jamais pas même quand vous mangez un MacBoboune devant un film bukkake?

Suite à quoi la bouche chinoise marmonna que pas d'inquiétude, mais la police a emprunté l'intégralité des cahiers de rendez-vous pour vérifier l'application du droit du travail et que personne n'avait jamais contacté les personnes annulées puisque leur nom n'avait été noté nul part ailleurs que sur ces cahiers. Et que les cahiers ne reviendraient jamais.

L'intégralité des rendez-vous est à refaire, mais tout le cahier est déjà plein.


Auto-école : 2 - Mourcil : 0





Playlist : Korn - Here to Stay

02 octobre 2006

La saga de l'auto-école, épisode 1

Chaque rentrée, TF1 propose quelque rectogénie découpée en plusieurs petits fagots et servie en soirée pour faire oublier à quelque vieux que tout fout le camp et que ça n'ira que de mal en pis. C'est la série de la rentrée, quoi, à distinguer des anogénies américaines qui copulent tous les dimanche soirs sur toutes les chaînes, en nous laissant un choix de flim limité à Capital spécial rentrée - ce qui est un peu just, comme flim.

Alors, me suis-je dit, pourquoi pas moi?
L'auto-école est mon royaume de la rentrée. Ces prochains mois comme ce matin, la rue D. verra ma silhouette brumeuse vers 7h du matin, puis embarquer dans un véhicule quelconque en priant que le moniteur ait pas mangé de choux ou de petite laitière au chocolat datée du 29 septembre.

Il était 7:00 ce matin donc, quand Mourcil parvint devant la vitrine éclairée de l'école.

Il était 7:30 ce matin, quand Mourcil quitta la devanture éclairée de l'école, comme une femme publique du bois de boulogne (et non comme un homme public du Bois, qui ne connaît structurellement pas le chômage).

Nul moniteur. Nulle voiture. Rien.



Auto-école : 1 - Mourcil : 0

Playlist : Oasis - The Importance of Being Idle