20 mars 2008

On springs

Le printemps est là. Aujourd'hui. Ce matin.

Les quelques graines de hasard récoltées ci et là ont commencé à germer. Les semences pleines d'espoir qui m'ont été confiées par Kokopelli ont colonisé tous les pots restants. Elles s'attaqueront bientôt aux contours de mes fenêtres et aux terrasses amies.
Bouddha a enfin cessé de me tendre des pièges de fil orange, probablement sensible, lui aussi, à l'allongement des journées et aux étirements du soleil sur le sol de la cuisine. Après une ultime mise à l'épreuve, en ce jour terrible où il lança à ma rencontre la redoutable armée des standardistes de la Préfecture de Police de Paris, sa colère s'apaisa soudainement. Il faut dire que je prouvai ma valeur lors de cet affrontement final : perséverance, calme, entêtement et ruse me menèrent au bout d'une longue quête téléphonique dans les méandres souterrains du Labyrinthe Administratif. Telle Orphée, à l'issue de ce combat contre la résignation, je ramenai mon passeport à la surface des choses vivantes.
La Pieuvre est elle aussi rentrée dans sa cavité rocheuse, j'espère jusqu'à l'an prochain. Je la vois, recroquevillée sur elle-même, me regarder avec ses petits yeux perçants et phosphorescents, à l'affut d'un instant de faiblesse, d'un moment d'inattention. Elle ne m'effraie pas : je suis libre de tout l'espace que m'offre l'océan. Je suis le sommet de la montagne, la crête d'écume, la cîme bourgeonnante du peuplier.

Tout renaît. tout s'épanouit. Même ce petit bolg sort de son hivernage et, fatigué de la stérilité spatiale, s'amuse à faire la fleur.
En cliquant sur l'image, fleurissez vous-aussi votre Html!

En vous souhaitant la plus joyeuse des renaissances possible,

Soustache

10 mars 2008

04 mars 2008

No Country for Old Men, J.&E. Coen ; 2008

Genre : Fantaisie intergénérationnelle

Thèse : De l'obsolescence du Cow-boy.

What would the cow-boy do?

Telle est la question qui semble présider à l'expérience dont nos deux anthropologues américains livrent le résultat en images animées : comment réagirait un cow-boy tout ce qu'il y a de plus classique aux évolutions du Tekzas moderne?
Hibernatus à la sauce barbecue, No Country for Old Men est une formidable leçon de vie, pour le Cow-boy, mais aussi pour le Spectateur.


Le Cow-boy d'abord, étonnant spécimen qui présente toutes les caractéristiques de sa race : taciturne, moustachu, entêté, conducteur de pick-up, consommateur de santiags, adroit au shotgun, simple et viril, patient comme puma, persévérant comme le grizzly, malin comme l'écureuil gris, il est assujetti aux émotions d'une époque révolue. On le voit même être pris de remords!
Bourré de qualités, le Cow-boy n'en est pas moins un profond inadapté. Il apprendra à ses dépends plusieurs leçons essentielles du monde moderne :
- Une valise pleine de 2 millions de dollars appartient toujours à quelqu'un, même si on la trouve en plein désert.
- On ne donne pas à boire aux mexicains passeurs de drogue, même s'ils ont l'air presque morts.
- Les transpondeurs, c'est pas que pour Jack Bauer (le pauvre n'a pas vu 24!)
- Le shotgun c'est dépassé. La bonbonne d'air comprimé, c'est plus classe.
- Les médecins mexicains, c'est pas terrible.
- Les motels ne sont pas des endroits très sûrs.
- Tirer le premier n'est plus un mode de virilité très efficace.


Comme pour montrer au Spectateur un peu ignare à quel point le Cow-boy n'a rien compris, nos deux frères construisent en parallèle l'archétype d'un Homme Moderne. Forcément, cet Homme Moderne a furieusement envie de casser la gueule à notre Cow-boy, certes attachant, mais quelque peu irritant. L'Homme Moderne a appris des années 80 d'autres manières d'exprimer sa virilité : il assume sa coupe au bol, il ne se laisse jamais contrarier plus de deux secondes sans réagir de manière ferme, il place sa liberté au-dessus de toute autre chose. Il n'aime pas trop les vieux et goûte à les taquiner. Aucune serrure ne lui résiste (je ne saurais voir dans l'insistance qu'ont eu les frères Coen à nous montrer cet aspect de sa personnalité autre chose qu'une belle et puissante ode à sa virilité), il a le regard perçant et la voix profonde. Il ne perd jamais son calme, même dans l'adversité. Il n'est pas du genre à s'effrayer d'une égratignure. Malgré son air un peu sombre, il reste joueur.


On apprend beaucoup du destin croisé de ces deux personnages, qui ont le bon goût de danser autour de leur propre caricature sans jamais y tomber. On verra ce flim en VO, pour les voix masculines de haute qualité texane. On en retiendra une furieuse envie de s'équiper d'une bonbonne à air comprimé, instrument qui impose le respect. A comparer, c'est tout de même plus classe qu'une tronçonneuse. Et puis les abattoirs évoluent, eux aussi.

Citations :