19 octobre 2006

Soustache aux Ass & Dick - 3 - Call girl

Il fallait appeler l'ANPE. C'était la seule tâche dont je devais m'acquitter dans la journée. Et pourtant, pour savourer le goût de l'obligation, du devoir, de la tâche à accomplir, j'attendis que quelques heures s'écoulent mollement, que la lumière grise parcourre une bonne partie de la table de la cuisine avant de saisir à pleines mains mon téléphone d'une part, Mon Dossier Assedic d'autre part.
Pleine d'entrain et d'espoir renouvelé, je composai, péniblement, le numéro. (sachant qu'il comporte un "5", je vous laisse imaginer la difficulté de l'opération).

Occupé.
Je rappelle.
Occupé.
Je rappelle.
Occupé.
Je rappelle.
Occupé.

Je reste quelques instants interdite devant l'absurdité de la situation et le vide dans lequel ma vie a subitement plongé...et rappelle.
Occupé.
Je tente de conjurer le sort, lance un dé, compte le nombre de secondes correspondantes (j'aurais du m'en douter, c'était un 5), et rappelle.
...Occupé.

Un éclair de génie illumine fugacement mon esprit, et j'appelle mon "agence Anpe". Un homme, jovial, habitué, un peu taquin rétorque à ma tentative de contourner le système en prenant ma voix de blonde désespérée un peu naïve mais tellement sexy :"non non non, mademoiselle, pour prendre rendez vous avec nous, il faut appeler la PLATEFORME Anpe, c'est comme ça, pas autrement. Et oui. Il faut persévérer."

Je persévère donc, un peu touchée dans ma sexytude...
Occupé.

Pendant l'heure qui suivit , je jouai à Linerider d'une main, et appelai, de temps en temps, l'ANPE de l'autre.
Une vingtaine de chutes, de gamelles, et aucun looping plus tard, une petite voix joviale, que je soupçonne d'être en tous points identique à la précédente, énonça un superbe "ANPE oui bonjour!".

J'avais vaincu. Mon courage, ma persévérance, ma ténacité et moi-même l'avions emporté.
Le chômage, ami bosseur, amie bûcheuse, est une école de la vie.




Playlist : Rose Murphy, Busy Line.

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