05 février 2008

Boudi-Bouddha

A quoi bon?

A quoi bon se faire nouer des fibres d'étoffe orange autour des poignets par un gros bonze à pipe, en prenant la pose et l'air inspiré, dans un étrange pays au sol rouge et à l'eau jaune où l'on passe du bitume à la terre en un tour de rein, où l'on s'enivre en famille le dimanche autour d'un karaoké à domicile, où les amendes se paient en caisses de bière, où les enfants vendent des bouteilles d'alcool de contrebande dans lesquelles flottent de placides cobras, où l'on mange du chien, des chenilles et des poussins encoquillés, et toujours avec les doigts, où l'on croit aussi bien à la bureaucratie soviétique qu'au bouddhisme et aux fantômes, où l'on se bat à coups de machette à la sortie des boîtes, où les bus n'ont ni fenêtres ni freins, où les avions sont tout droit sortis de Casablanca, où le concept de violence routière est conséquemment remplacé par celui de volonté de Bouddha?
Oui, Bouddha, justement. Le roi de la blague.
à quoi bon se placer sous ta protection si c'est pour revenir chez soi avec des habits à la limite de la moisissure, sans papiers, sans clefs, le shampooing explosé sur la partie du sac encore presque sec?

Quel est ton message? Abandonner toutes possessions? Déjà vu, non?
Quelle est ta colère? Est-elle liée au fait que l'on te donne un peu trop régulièrement en offrande des bouteilles de fanta débullées, des cigarettes brunes, un peu tous les restes qui trainent et des fleurs en plastique?
Ou ai-je, en m'offrant momentanément à toi, provoqué l'ire de La Pieuvre alors que commençait son mois de festivités?

En tous cas, sache que je ne compte pas en rester là.

Aucun commentaire: