23 février 2007

Vice (et versa)

XVIII

Baise m'encor, rebaise moy et baise :
Donne m'en un de tes plus savoureus,
Donne m'en un de tes plus amoureus :
Je t'en rendray quatre plus chaus que braise.

Las, te pleins tu ? ça que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslans nos baisers tant heureus
Jouissons nous l'un de I'autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :

Tousjours suis mal, vivant discrettement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moy ne fay quelque saillie.

*


18

Embrasse-moi, embrasse-moi encore et encore :
donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

Las, te plains-tu ? Viens, que j'apaise ce mal
en t'en donnant dix autres encore plus doux.
Ainsi mêlant nos baisers si heureux
jouissons l'un de I'autre à notre aise.

Alors chacun de nous aura une double vie.
chacun vivra en soi et en son ami.
Laisse-moi, Amour, imaginer quelque folie :

je suis toujours mal, car je vis repliée sur moi,
et je ne puis trouver de satisfaction
sans me ruer hors de moi-même.

12 février 2007

Apocalypto ; Mel Gibson, 2006

Genre : documentaire animalier

Point de vue / images du monde :

Apocalypto est une reconstitution de la chaîne alimentaire au XVIe siècle. Les indiens mangent le tapir. Ils sont capturés et bouffés par des Mayas. Qui seront capturés par les conquistadors qui débarquent sur la plage dans le dernier plan du film.
Synopsis intéressant, donc qui permet au film d'atteindre une vérité proche du documentaire animalier. Disons de faux documentaire animalier, avec un acteur dans le rôle du Jaguar, de la Tortue, ou du Boss de Street Fighter.
À la Gibson, le film est une longue douleur physique ponctuée de cruauté. À l'écran, il y a toujours quelqu'un qui souffre : une flèche dans le bras, un égorgement, un pique-nique de jaguar, un éviscéré, un décapité, un accouchement à la mamma mia, etc.
La moralité pourrait être qu'ilil faut souffrir pour être un héros, même sans public, ou bien que la déforestation, c'est pas si mal finalement.

À saluer en tout cas : la performance de Gibson. Ressusciter une langue morte au cinéma pour faire dire à des indiens en string : je vais te tuer fils de pute.


Structure :
1. Le paradis, ode à la nature couillue
2. La capture, ode à la viande fraîche
3. La fuite, Predator vs. Rambo, ode aux p'tits malins

Avec entre la phase 2 et 3 l'éclipse, qui est le pivot du film


Citations :
Jaguar Paw: I am Jaguar Paw


[after a snake has bitten one of them]
Middle Eye: He's fucked.

Inland Empire ; David Lynch, 2006

Genre : odyssée subliminale

Pitch : A woman is in trouble

Structure [dans le désordre] :
1. rêve
2. couloirs
3. rencontre
4. la boîte
5. ex-it

Citations :
Nikki: Some men change. Well, they don't change - they reveal. They reveal themselves over time, you know?

Nikki: Who was it?
Devon Berk: Disappeared where it's hard to disappear.

Lori: With tits like yours, there's always a chance.


Première vision :
"On se rêve un autre, on ouvre une boîte, on se réveille".
Dans Inland Empire, il y a un rêve noir, rampant, collant, qui cherche vainement à dévorer le réel qui l'entoure, le nourrit, et le tue.
Dans Inland Empire, il y a des fantasme qui ne quittent pas le sol, c'est à dire le rêve.
Dans Inland Empire, il y a un oeil, omniprésent et omniforme, c'est une fenêtre, un trou de cigarette, un objectif de 35mm, une ouverture sur l'au-delà.
Dans Inland Empire, comme dans Lost Highway et Mullholland Dr., il y a la Conscience, grimace maquillée, intrusive, stérile, qui abaisse les plafonds, ferme les portes, coupe le son, éteint les lumières.

Dans ce long voyage, le rêve est un repli sans espace, non pas un ciel mais une cave, écrasée par la réalité qui s'engouffre par toutes les portes de la perception. On s'y cogne, on s'y étouffe. Alors on refuse temps et espace. On redevient l'Enfant qu'on n'a jamais su être. Et on attend.

Haut-faits :
Le son, la façon de filmer le vide, les variations de couleur, la confusion DV/35mm, les regards.

07 février 2007

Oniwisme

Aujourd'hui, Soustache et Mourcil ont la ferme intention de se laisser tirer de leur obscure somnolence par les rêves encore plus sombres de leur maître D. Lynch. Et c'est ainsi qu'ils se rendent compte que leur vie rêvée a bien plus de potentiel scriptural et cinématographique que leur vie diurne et molle et fliquée. (pinpon)

Mourcil: j'ai rêvé qu'une colonie sur mars était montée, cette nuit
Soustache: et j'y étais?
Mourcil: ouais
Soustache: j'avais trois seins?
Mourcil: j'étais plus ou moins, je sais pas, space-maçon
mais genre un peu chef, quand même
Soustache: et moi et moi, j'étais space quoi?
Space Souste, tout simplement?
Mourcil: y'm semble que t'étais Space Mountain
Soustache: les hommes me roulaient dessus en hurlant?
Mourcil: non, space pilot
tu conduisais une sorte de jeep avec une bulle
c'était très futuriste
Soustache: québéco-futuriste ou futuro-futuriste?
Mourcil: on était pas beaucoup
c'était le tout début.
sur terre, c'était globalement la merde
Soustache: y'avait de bons rébous?
Mourcil: mais y avait un saboteur dans la station
Soustache: ohr, un sabotageurrr
Mourcil: ja ja
Soustache: ça ressemble à cosmos 1999 ta race de rêve
Mourcil: et il sabotait tout ce qu'il poufait
Soustache: ma bulle, ta space truelle, tout ça
Mourcil: c'est dommage que je m'en souvienne pas trop, y avait des deus ex machina intéressants. en tout cas, à un moment, on devait abandonner la station
Soustache: pour aller où?
Mourcil: y avait des morts
Soustache: pas moi j'espère
Mourcil: non
pas de space viol non plus, d'ailleurs
juste un drôle de bruit
Soustache: ah ben tant mieux hein
Mourcil: le vent
beaucoup de vent
Soustache: le bruit de la Fountain en plus bruyant?
Mourcil: non non non - un vent à la lynch
Soustache: un vent à la lynch, cool
Mourcil: un vent de partout, une masse de vent, qu'on pouvait voir
ptêt bien que c'était le principal sujet de ce rêve, le vent
Soustache: putain, pourquoi je fais pas des rêves comme ça??
ça me rappelle le rêve du grand carnaval de Manhattan...

Interlude

Ils avaient fait sauter les ponts entre Manhattan et Brooklyn.
Les habitants de chacune des deux parties de la ville étaient porteurs d'une maladie que seuls les habitants de l'autre rive pouvaient contracter, ce qui expliquait cette politique limite autarcique que les deux quartiers devenus villes s'étaient imposée.
J'habitais à Manhattan. Nous vivions tous déguisés, dans une sorte de carnaval permanent, et mangions de la glace à la vanille pour nous prémunir de toute infection. De temps en temps, un habitant de Brooklyn tentait de pénétrer notre cercle très fermé, en traversant l'Hudson. Nous nous en débarassions généralement de manière assez expéditive.
Un jour, ce fut T., qui, déguisé en Leprechaun pour se faire passer pour un Manhattanien, tenta de débarquer avec un radeau gonflable. Je pris son assassinat très à coeur: alors qu'il allait atteindre le rivage, je lui ai maintenu la tête sous l'eau avec mon pied jusqu'à la fin.

Mourcil: mais après j'ai rêvé de notorious BIG et jospin me disait qu'à une époque, il voulait s'appeler notorious LIO . Et finalement ça avait pas pris
sais pas comment jospin est arrivé là d'dans

Soustache: Ceci dit, cette nuit, j'étais avec Jane, dans un Marseille onirique, j'avais volé un cheval et je lui avais fabriqué un mors avec un cable usb, et j'attendais le bateau pour aller visiter les "caves préhistoriques englouties" quand mon réveil a sonné. Bâtard. J'aurais bien visité les caves préhistoriques englouties.

Mourcil: mais on était de retour sur terre
'tain, en fait, il y avait un ennemi sur mars
Soustache: Le tout est de savoir qui était l'ennemi
Mourcil: putain, Souste.
à la fin on mourait tous
Soustache: putain
mais QUI nous a tué?
Mourcil: le vent
Soustache: alors ça va
ça a quand même une gueule de total recall ton onirisme
Mourcil: non non, tu ressembles pas trop à sharon stone
Soustache: fuck U
tiens, je me suis réveillée avec Fuck U dans la tête, de manière inexpliquée
Mourcil: c'est ptêt lié
Mourcil: hier, j'ai fait un rêve flashback
Soustache: t'as fait COMBIEN de rêves
Mourcil: ah ça c'était hier
Soustache: ah ok
Mourcil: t'étais à la fontaine au roi, dans ton canapé
Soustache: ouais?
Mourcil: et je te demandais pourquoi tu avais pris la décision de plus porter de soutiff
Soustache: hehe et ma réponse?
Mourcil: et tu me répondais, genre, en 2 parties, avec des anecdotes persos.

Ici s'interrompt leur conversation, car c'est aussi ici que le cours de leur vie officielle reprend. Un café attend Mourcil, un Commu-Niqué de Presse attend Soustache. Nous ne saurons donc pas à quelles étranges anecdotes persos Mourcil faisait allusion. Et ce d'autant plus que Soustache n'a jamais pris la décision de ne plus porter de soutif. ou peut-être très fugacement.

Playlist : Roy Orbinson, In Dreams

05 février 2007

Teasing

Dans 96 jours, Berlin m'accueillera comme un petit animal à chérir au creux d'une couette en coton.

Mais dans 96 jours, il y aura aussi...

01 février 2007

Mort aux patchs!


Pour fêter l'avènement de Février, mois saint et grâcieux, mois d'Octopus et de Dionysos, Soustache et Mourcil ont décidé de se griller quelques bons paquets de Camel sur tous les bancs publics suffisamment seyants.
Eclairons la ville de mille lampions et lumignoles!
Protestons par l'incandescence de nos vices!