Aujourd'hui, Soustache et Mourcil ont la ferme intention de se laisser tirer de leur obscure somnolence par les rêves encore plus sombres de leur maître D. Lynch. Et c'est ainsi qu'ils se rendent compte que leur vie rêvée a bien plus de potentiel scriptural et cinématographique que leur vie diurne et molle et fliquée. (pinpon)
Mourcil: j'ai rêvé qu'une colonie sur mars était montée, cette nuit
Soustache: et j'y étais?
Mourcil: ouais
Soustache: j'avais trois seins?
Mourcil: j'étais plus ou moins, je sais pas, space-maçon
mais genre un peu chef, quand même
Soustache: et moi et moi, j'étais space quoi?
Space Souste, tout simplement?
Mourcil: y'm semble que t'étais Space Mountain
Soustache: les hommes me roulaient dessus en hurlant?
Mourcil: non, space pilot
tu conduisais une sorte de jeep avec une bulle
c'était très futuriste
Soustache: québéco-futuriste ou futuro-futuriste?
Mourcil: on était pas beaucoup
c'était le tout début.
sur terre, c'était globalement la merde
Soustache: y'avait de bons rébous?
Mourcil: mais y avait un saboteur dans la station
Soustache: ohr, un sabotageurrr
Mourcil: ja ja
Soustache: ça ressemble à cosmos 1999 ta race de rêve
Mourcil: et il sabotait tout ce qu'il poufait
Soustache: ma bulle, ta space truelle, tout ça
Mourcil: c'est dommage que je m'en souvienne pas trop, y avait des deus ex machina intéressants. en tout cas, à un moment, on devait abandonner la station
Soustache: pour aller où?
Mourcil: y avait des morts
Soustache: pas moi j'espère
Mourcil: non
pas de space viol non plus, d'ailleurs
juste un drôle de bruit
Soustache: ah ben tant mieux hein
Mourcil: le vent
beaucoup de vent
Soustache: le bruit de la Fountain en plus bruyant?
Mourcil: non non non - un vent à la lynch
Soustache: un vent à la lynch, cool
Mourcil: un vent de partout, une masse de vent, qu'on pouvait voir
ptêt bien que c'était le principal sujet de ce rêve, le vent
Soustache: putain, pourquoi je fais pas des rêves comme ça??
ça me rappelle le rêve du grand carnaval de Manhattan...
Interlude
Ils avaient fait sauter les ponts entre Manhattan et Brooklyn.
Les habitants de chacune des deux parties de la ville étaient porteurs d'une maladie que seuls les habitants de l'autre rive pouvaient contracter, ce qui expliquait cette politique limite autarcique que les deux quartiers devenus villes s'étaient imposée.
J'habitais à Manhattan. Nous vivions tous déguisés, dans une sorte de carnaval permanent, et mangions de la glace à la vanille pour nous prémunir de toute infection. De temps en temps, un habitant de Brooklyn tentait de pénétrer notre cercle très fermé, en traversant l'Hudson. Nous nous en débarassions généralement de manière assez expéditive.
Un jour, ce fut T., qui, déguisé en Leprechaun pour se faire passer pour un Manhattanien, tenta de débarquer avec un radeau gonflable. Je pris son assassinat très à coeur: alors qu'il allait atteindre le rivage, je lui ai maintenu la tête sous l'eau avec mon pied jusqu'à la fin.
Mourcil: mais après j'ai rêvé de notorious BIG et jospin me disait qu'à une époque, il voulait s'appeler notorious LIO . Et finalement ça avait pas pris
sais pas comment jospin est arrivé là d'dans
Soustache: Ceci dit, cette nuit, j'étais avec Jane, dans un Marseille onirique, j'avais volé un cheval et je lui avais fabriqué un mors avec un cable usb, et j'attendais le bateau pour aller visiter les "caves préhistoriques englouties" quand mon réveil a sonné. Bâtard. J'aurais bien visité les caves préhistoriques englouties.
Mourcil: mais on était de retour sur terre
'tain, en fait, il y avait un ennemi sur mars
Soustache: Le tout est de savoir qui était l'ennemi
Mourcil: putain, Souste.
à la fin on mourait tous
Soustache: putain
mais QUI nous a tué?
Mourcil: le vent
Soustache: alors ça va
ça a quand même une gueule de total recall ton onirisme
Mourcil: non non, tu ressembles pas trop à sharon stone
Soustache: fuck U
tiens, je me suis réveillée avec Fuck U dans la tête, de manière inexpliquée
Mourcil: c'est ptêt lié
Mourcil: hier, j'ai fait un rêve flashback
Soustache: t'as fait COMBIEN de rêves
Mourcil: ah ça c'était hier
Soustache: ah ok
Mourcil: t'étais à la fontaine au roi, dans ton canapé
Soustache: ouais?
Mourcil: et je te demandais pourquoi tu avais pris la décision de plus porter de soutiff
Soustache: hehe et ma réponse?
Mourcil: et tu me répondais, genre, en 2 parties, avec des anecdotes persos.
Ici s'interrompt leur conversation, car c'est aussi ici que le cours de leur vie officielle reprend. Un café attend Mourcil, un Commu-Niqué de Presse attend Soustache. Nous ne saurons donc pas à quelles étranges anecdotes persos Mourcil faisait allusion. Et ce d'autant plus que Soustache n'a jamais pris la décision de ne plus porter de soutif. ou peut-être très fugacement.Playlist : Roy Orbinson, In Dreams