09 novembre 2006

Long Gone Fishin'

La pêche à la palangrotte est une pêche à la fois sensuelle et ridicule.

Il faut d'abord s'équiper d'un pavé plat de liège, autour duquel on enroule des mètres et des mètres de fil de nylon. Au bout de la ligne, attacher un plomb, pour lester le fil. On prendra soin de le prendre ni trop lourd, pour ne pas trop empeser la ligne et nuire à sa sensibilité, ni trop léger, de peur que le nylon ne danse trop librement dans les courants de fond. A une trentaine de centimètres au dessus du plomb, attacher un autre fil de nylon. Celui-là portera l'hameçon.


Une fois l'appât posé, on jette le fil par dessus bord, par le plomb, et on laisse la palangrotte se dévider, jusqu'à ce que le plomb touche le fond. On rembobine juste un peu, pour tendre la ligne, et l'on pose le fil sur le sillon creusé par la pliure entre les deux dernières phalanges de l'index.
Et puis attendre, en se laissant bercer par le clapotis sournois des eaux très calmes de la Méditerranée. Se concentrer sur ses sensations, car tout se joue sur ce carré de peau de doigt par-dessus lequel court le fil de nylon. N'être plus que ce petit carré de peau de doigt. C'est exactement là qu'on sentira les subtiles tractions, d'abord timides, du poisson goûtant à l'appât, puis les secousses caractéristiques de la prise.

Ce soir, j'ai sept ans, et je tiens un petit pavé de plastique blanc au fond de ma main, en attendant qu'une vibration distincte me signale qu'un poisson se débat au bout de la ligne. Je ne suis plus qu'une paume en éveil.

Playlist: Serge Gainsbourg, Ces petits riens.


Vous mangeriez de la soupe de chien, vous?

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